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LE DEBAT ENTRE NOUS ZÔTRES [20572]

jps

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Posté le : 06/09/2021 à 16:50 (Lu 1220 fois)
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Mes chers amis compatriotes,
Comme annoncé le 22 août dernier, je reviens ce jour sur ce forum pour vous proposer d'ouvrir "un grand débat entre nous zôtres" afin de recueillir vos réponses, commentaires aux questions que vous devez sans doute, et comme moi, vous poser au sujet des drames vécus et de la débâcle politique qui a conduit et clôturé lamentablement la plus grande mystification d'un chef d'Etat français pour le malheur d'une partie de son peuple.

Aussi, en préambule,
- après soixante années de notre exode durant lesquelles des milliers de livres, documents, films, etc. sur la guerre d'Algérie ont été écrits, réalisés par des auteurs de tout bord, toute opinion, toute idéologie,
- après les révélations des hommes politiques des gouvernements de l'époque, leurs souvenirs, mémoires, bien souvent posthumes par manque de courage, (1)
- après le travail de nombreux historiens et malgré toutes les censures, toutes les manigances des responsables et complices de ce fiasco politique, économique et surtout humain,
NOUS POUVONS, A PRESENT, AVEC UNE TOTALE CERTITUDE HISTORIQUE, DEMONTRER, LEGITIMEMENT ET INCONTESTABLEMENT, LES VERITES EVIDENTES ADMISES PAR TOUT LE MONDE qui sont les suivantes :

Bien avant 1958, le général de Gaulle nourrissait dans sa retraite de Colombey le seul souci de son ambition personnelle, très au-dessus de celui qu'il prétendait avoir pour le bien de la France. Il complotait déjà avec les ennemis de l'Algérie française pour profiter du drame que nous vivions et revenir au pouvoir par un coup d'état qu'il avait préparé et organisé avec ses acolytes dévoués à sa cause tout autant qu'à la leur. (1)
Le 13 mai 1958 à Alger a été l'occasion attendue pour lui de sortir "de la traversée du désert". Revenu au pouvoir, la grande mystification de l'Algérie française dans ses paroles et dans ses actes a commencé le 4 juin 1958 sur le forum d'Alger. Quatre années de mensonges, de morts encore, français et algériens, pieds noirs, qui nous ont poussés au désespoir et au seul choix que le FLN, l'ennemi vainqueur politiquement, nous réservait : la valise ou le cercueil.

Aujourd'hui, nous savons ce que "finasser" voulait dire dans la bouche du général quand il justifiait à Alain Peyrefitte, dans "C'était de Gaulle", sa politique dissimulée et progressive d'abandon de l'Algérie, des européens et indigènes franco-musulmans qui y vivaient. De Gaulle a sur les mains tout le sang qui a coulé sur notre terre natale depuis le 4 juin 1958 jusqu'à la plus grande de ses lâchetés, de ses trahisons quand, le 5 juillet 1962 à Oran, il ordonne au général Katz « de ne pas bouger ». Quelle honte, que de trahisons, quel mépris pour toute cette population qui l'avait amené au pouvoir. « Eh bien, ils se massacreront entre eux », disait-il à Pierre Pfimlin en parlant des deux communautés qui s'affrontaient dans ces derniers moments de l'Algérie française.

Maintenant que nous savons tout, comment avoir pu croire un seul instant au respect des accords d'Evian
- quand on sait que ce chef d'Etat, qui voulait la grandeur de la France, a complètement capitulé devant les fantoches, les planqués du FLN dans les hôtels du Caire et de Tunis,
- quand on sait que, dès 1967, se préparait le choc pétrolier qui nous a doucement conduit à la subordination aux pays arabes producteurs.
Ce prétendu visionnaire a largué, sans aucun scrupule, ces départements française situés à une heure d'avion de Marignane qui par toutes leurs potentialités énergétiques, agricoles, humaines pouvaient devenir le plus riche et florissant territoire de la France méditerranéenne.

Alors, mes amis, 60 ans après en sachant tout ce que nous avons appris, découvert, vu, constaté depuis, tout cela, rajouté à notre expérience et à notre vécu, nous amène à ne plus avoir la même vision de notre destin qu'en 1962 lorsque nous débarquions en métropole. Bien des choses se sont passées depuis, ici et là-bas dans notre pays d'avant, et nous nous questionnons aujourd'hui pour analyser et comprendre une situation française, algérienne, internationale (aspects politiques, économiques, sociaux, démographiques, culturels, religieux, etc.) que nous prédisions sans jamais être écoutés et que nous vivons quotidiennement.
Aussi, SELON UN CANEVAS QUI VOUS SERA PROPOSE REGULIEREMENT AVANT FIN OCTOBRE PROCHAIN, VOICI LES 3 PREMIERES QUESTIONS QUI VOUS SONT SOUMISES :

1-Si l'Algérie algérienne nous avait permis d'exister librement dans le pays, avec les mêmes droits et devoirs que les indigènes algériens, sans discrimination religieuse, culturelle, sociale ou économique, pensez-vous, en regard de ce que nous avons constaté depuis l'avènement de l'indépendance, que nous aurions pu rester dans ce pays ?

2-Pensez-vous que, dans ces conditions d'"exister librement", les pieds noirs, même étant privés de participation à l'organisation politique du pays, auraient pu contribuer au développement espéré, compte tenu des potentialités existantes en 1962 : énergétiques, agricoles, touristiques, grands projets, etc., en un mot : aurions-nous eu un "rôle positif" dans l'Algérie indépendante ?

3-Pensez-vous que notre mode de vie européen aurait pu être un modèle adopté par les familles algériennes et surtout pour les femmes désireuses de s'émanciper des contraintes religieuses et celles du droit islamique ? par exemple, aurions-nous pu avoir une influence dans le contrôle et la limitation des naissances et éviter le fléau démographique que connaît l'Algérie ?

Une prochaine série de questions vous sera soumise d'ici la fin du mois
Je compte sur vous,
JPS


(1) En 1978, Olivier Guichard, député-maire de la Baule, plusieurs fois ministres du président de Gaulle, organise dans sa ville un grand rassemblement du parti gaulliste pour commémorer, vingt après, le retour du général au pouvoir. Présent à cette manifestation car résidant dans sa région, je l'interpelle sur le fait que, sur les monuments aux morts de cette région, sont inscrits de nombreux jeunes bretons tués en Algérie entre 1958 et 1962. Or, il venait de dire à toute l'assistance que dès 1955 de Gaulle, depuis Colombey, était secrètement en relation avec des représentants du FLN et exprimait sa façon de se « débarrasser » du problème algérien. Je lui faisais donc remarquer que de Gaulle, malgré son dessein d'abandon de l'Algérie française, avait encore fait durer la guerre quatre ans et qu'il avait la responsabilité de la disparition de tous ces jeunes envoyés en Algérie et qui ne sont jamais revenus. Mon intervention sans ménagement avait déclenché plus qu'un trouble et manifestement dérangé une grande partie de l'assistance, mais elle m'avait permis d'entrer en confidence et en amitié avec Olivier Guichard pendant de nombreuses années. J'ai su que ses mémoires posthumes, qu'il avait confiées pour publication, ont été "confisquées" par les tenants du mythe gaulliste.




Re: LE DEBAT ENTRE NOUS ZÔTRES [20573]

-Jean Tomasi-




Posté le : 07/09/2021 à 16:26 (Lu 1178 fois)
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Oui JP Aux troi quiestions je r&pond oui oui oui J'ai, en France, rencontré un grand nombre d' algériens qui se disaient Pieds noirs.
Je criois que la majorité a regrété notre départ
A biientôt P'tit Jean

Re: LE DEBAT ENTRE NOUS ZÔTRES [20574]

Invité(e)




Posté le : 07/09/2021 à 17:43 (Lu 1172 fois)
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Pas de regret

Re: LE DEBAT ENTRE NOUS ZÔTRES [20575]

Invité(e)




Posté le : 07/09/2021 à 19:50 (Lu 1161 fois)
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JP sans juger de l'intérêt des questions que tu te poses, et nous poses, au regard de l'histoire, qui est ce qu'elle est et sur laquelle nous ne pouvons changer que notre regard et notre jugement, je vais tenter d'y répondre sans trop avoir pris le temps d'y réfléchir vraiment, quitte peut-être à revenir sur des prises de positions tranchées.
Et tout d'abord, l'Algérie algérienne nous aurait-elle permis d'exister librement? Qu'entends tu par là? Comme avant? Est-ce-à-dire que le contentieux qui sous-tendait, pour partie, le conflit qui opposait en ces années les Pieds Noirs aux indigènes concernant la possession, des terres agricoles, des biens immobiliers, des moyens de production, des postes et des fonctions dans l'administration ou le privé n'aurait pas conduit à des expropriations massives, à des spoliation et des évictions? Était-ce envisageable? Non, l'Algérie algérienne ne pouvait nous laisser avec nos "privilèges" économiques, dus pourtant aux efforts et aux peines de nos prédécesseurs.
Aurions nous pu, par ailleurs, (surtout privés de nos droits politiques, comme tu l'envisages) peser sur les choix des dirigeants, d'une économie de rente au détriment d'une politique d’investissement et de développement des secteurs laissés en friche?
Notre modèle européen, social, familial, aurait-il pu séduire les familles algériennes dans un pays dans lequel nous devenions des citoyens de seconde zone, alors qu'il ne s'est pratiquement jamais imposé quand nous étions aux commandes?
C'est accorder trop peu d'importance aux traits propres à la société algérienne et aux sociétés musulmanes en général (pour les exceptions, l'Iran du Shah et la Turquie d’Atatürk,.... voir comment ça a fini ) pour penser qu'elles peuvent évoluer vers le modèle occidental surtout à une période de recul et de déclin des pays qui le portent.
Car enfin, l'indépendance de l'Algérie n'est pas un évènement singulier dans le mouvement général des relations de l'Occident au reste du monde. Elle s'inscrit dans une séquence historique qui a emporté d'autres empires que le nôtre. L'image de l'Occident en a été profondément dégradée et l'attrait qu'il pouvait avoir pour des populations étrangères, ou tout au moins pour leurs élites, s'en est trouvé bien affaibli.
C'est un rapport de force qui s'est inversé lors de cette séquence et plus particulièrement en terre musulmane ou la civilisation affrontée est l'Islam contre lequel l'Occident chrétien est en guerre depuis pratiquement les débuts de cette religion. Défaites et recul de l'Occident, première victoire de l'Islam : un cycle historique qui s'accomplit avec la force et l'irrésistibilité des mouvements de marée qui obéissent à des forces cosmiques. Peut-on penser que dans ce renversement, le petit million de Pieds Noirs ayant perdu la protection de sa métropole, le prestige de son appartenance à une civilisation dominante, les privilèges du "colonisateur" et peut-être une bonne partie de ses biens, aurait pu peser lourd dans le destin d'une Algérie où l'islam triomphant, visiblement ou souterrainement, impose son son totalitarisme, son intolérance et sa stérilité?
Pour conclure cette première volée de "réponses" , je dirais que si je suis convaincu que la gestion de l'affaire algérienne par De Gaulle fut une infamie criminelle pour les Pieds Noirs et les indigènes qui croyaient en la France, et un désastre pour la France, si je pense qu'on pouvait et devait la conduire autrement, plus humainement, plus pertinemment, ménageant les intérêts et préservant les vies, en allant même jusqu'à imposer une partition notamment des territoires qui n'étaient algériens que du fait de la France, je ne crois pas à une Algérie idyllique où Pieds Noirs et indigènes auraient bâti un pays prospère et inventé une société nouvelle. Nous aurions, au mieux, vécu ce qu'à l'autre extrémité du continent vivent les Blancs d'Afrique du Sud, avec peut-être à l'horizon le fardeau supplémentaire de la dhimmitude.

Re: LE DEBAT ENTRE NOUS ZÔTRES [20576]

-Lamy-




Posté le : 07/09/2021 à 19:58 (Lu 1159 fois)
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Mille excuses : le dernier invité c'est moi : Lamy

Re: LE DEBAT ENTRE NOUS ZÔTRES [20577]

jps

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Posté le : 08/09/2021 à 23:12 (Lu 1102 fois)
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MERCI LAMY d'ouvrir le débat avec force par tes réponses et commentaires argumentés, étoffés.
Je veux avant tout préciser que les questions que je vous soumets ont été élaborées et énoncées par un collectif de compatriotes très engagés pour la défense de la mémoire des Français d'Algérie et l'½uvre accomplie par eux dans ce pays de 1830 à 1962.
Ce Collectif "Riposte 2022" se prépare à apporter la contradiction à toutes les "divagations historiques et repentantes" que pourrait tenter le Président Macron en campagne, soucieux de flatter son électorat franco-algérien.
Je répondrai moi- même à ces questions avant de vous proposer les suivantes.
Juste une réponse aujourd'hui à " l' invite anonyme" qui exprime si je comprends bien dans son message 20574 " pas de regret " en parlant de notre départ ! Je peux lui dire que compte tenu de ce que nous constatons, et donc ce qu'est devenue notre terre natale en 60 ans, je n'ai plus aucun regret de l'avoir quittée .
Ceux qui ont pris le pouvoir et qui l'ont dirigée depuis 1962 l'ont ramenée honteusement et malgré toutes ses richesses au rang des pays qu'on veut quitter, à flots continus dès les 1éres années de l'indépendance .
A+ JPS




Re: LE DEBAT ENTRE NOUS ZÔTRES [20578]

Invité(e)




Posté le : 09/09/2021 à 09:30 (Lu 1074 fois)
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Bonjour JPS et les Z'ôtres
Il fait chaud là où je suis ! j'ai enfin pu établir une connexion et toujours le même plaisir de vous retrouver ! Que voilà un sujet passionnant pour les heures creuses me ramenant à l'enfance et à ces moments "sacro-saints" où même une mouche ne devait pas voler
A la première question, intimement convaincue que non !
Mêmes devoirs et droits, supposés admis par eux du fait de leur nombre plus important, un pour huit en 1962, la législation mise en place aurait été adoptée par les musulmans étant majoritaires.
De ce fait, leur religion étant à la base de leur concept de réglementation, intime et privé, cela aurait été quasiment impossible. Les exemples dans le monde foisonnent pour accréditer mon intime conviction.
A la marge, les seuls pays ayant été positifs dans ce type de concept, sont ceux où la suprématie occidentale et démocratique (toujours le nombre) a été aux pouvoirs.
Le devoir m'appelle, promenade, farniente, ... je pense à la prochaine question ?
Bonne journée à toutes et tous
Annie L.

Re: LE DEBAT ENTRE NOUS ZÔTRES [20580]

-Lamy-




Posté le : 13/09/2021 à 09:28 (Lu 993 fois)
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Réflexion matinale :
Je me suis demandé quelles pouvaient être la ou les conditions d'une évolution pacifique et équilibrée d'un pays où cohabiteraient deux populations d'origines différentes. Faisant abstraction du contexte que j'évoquais ci-dessus, il reste, me semble-t-il, une condition à laquelle jusqu'alors aucune des deux populations en présence ne se serait volontiers soumise : c'est celle d'une fusion, par mariage, d'une partie au moins de ces populations, notamment au niveau des élites, comme ça a pu se voir à une époque lointaine de notre histoire. Et ça, c'est déjà un sacré morceau à avaler.

Re: LE DEBAT ENTRE NOUS ZÔTRES [20581]

-Lamy-




Posté le : 13/09/2021 à 23:03 (Lu 967 fois)
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Je mouline toujours les questions de JPS.
En sus de l'obstacle énorme constitué pas la crispation endogamique de l'une et l'autre de ces populations (dont je ne conteste, par ailleurs, aucunement le bien fondé), se serait immanquablement posée l épineuse question des langues. Je m'aventure peut-être, ne sachant pas quel est le degré d'arabisation de l'Algérie dans l'enseignement, l'université, l'administration, etc.. mais je doute que le français y ait été laissé à la place qu'il occupait. Aurait-il été envisageable d'instaurer un bilinguisme généralisé qui aurait permis aux Pieds Noirs de continuer à n'avoir à utiliser, dans la vie courante comme dans les activités liés aux secteurs inventoriés ci dessus, que la langue française sans être contraints d'apprendre et d'utiliser la langue de la majeure partie de la population et celle du nouvel état? Il aurait fallu que les nouveaux maîtres n'aient en vue que l'intérêt bien compris de leur pays et ne soient animés d'aucun désir de revanche ou ne soient pas simplement mus par une volonté d'affirmation nationale identitaire exigeant que l'arabe soit placé en position dominante. D'un côté ou de l'autre, il aurait fallu accepter ce qui aurait été soit un sacrifice majeur soit un effort considérable. Qui y aurait consenti?

Re: LE DEBAT ENTRE NOUS ZÔTRES

Invité(e)




Posté le : 17/09/2021 à 13:12 (Lu 896 fois)
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Je simplifie ma réponse en approuvant complètement l'analyse faite par «Lamy» plus quelques réflexions jetées en vrac

Nous sommes en 2021, c.a.d 60 ans depuis la fin de l'Algérie Française qui fait partie de l'histoire. Les faits :
- 1962 : 10 millions d'habitants dont 900 000 « pieds noirs ! »,
- 2021 : plus de 40 millions d'algériens en Algérie plus les résidents en Europe, qu'en sera-t-il dans 30 /60 ans ?

C'est le nombre qui fait la politique d'un pays et la culture dominante. Nous avons les exemples de l'Indochine, l'Algérie, le Vietnam, l'Afghanistan où les tentatives modernes d'instaurer la démocratie aboutissent à des défaites humiliantes à cause de notre volonté absurde d'imposer notre mode de vie occidental.
Le néo-colonialisme des droits de l'homme ? nous en subissons encore aujourd'hui les conséquences.
En fait, nous avons fait pendant ces 60 ans l'expérience, en tant que pieds noirs, d'être très bien accueillis par les algériens en général et, personnellement, à plusieurs reprises de 1970 à 2012 dans mon quartier de Constantine en particulier.

Mais qu'en serait-il si nous étions restés sur place ? La nostalgie nous conduirait-elle à oublier que nous aurions été les premiers à subir le terrorisme du FIS que les algériens ont fini par vaincre au prix de plusieurs centaines de milliers de morts et avec des méthodes que nous aurions critiquées, habités que nous sommes par le culpabilisme judéo-chrétien qui nous étouffe.
Aussi c'est sans aucun doute que je réponds NON aux trois questions que JPS pose.

Ensuite, vient la question sous-jacente de l'action de de Gaulle.
Je pense qu'il a agi en chef d'état, avec tous les moyens dont il disposait (article 16) en sacrifiant volontairement, de façon réfléchie et préméditée, une partie de ses compatriotes y compris les harkis
Nous étions au mauvais endroit, au mauvais moment.
Il ne s'agit pas d'une trahison mais d'un acte politiquement déterminé, destiné à protéger la France contre un risque majeur pour son avenir.
C'est la façon de le faire qui pose problème, mais il me parait inutile aujourd'hui de rappeler les conditions lamentables et méprisables dans lesquelles cela s'est passé car nous sommes les derniers survivants à en discuter et pour moi cela n'a plus d'intérêt.
Seule l'histoire apportera, à long terme, un jugement objectif sur l'action de de Gaulle y compris pendant la seconde guerre mondiale et jusqu'à 1958.

Quant à évoquer l'action de notre actuel président de la république, qui tente pour des raisons politiques de pécher les voix magrébines, cela ne m'étonne pas, car le fait de nommer un historien, auto proclamé constantinois, trotskiste, d'une famille riche pour rédiger un livre sur la décolonisation, c'est dans la logique des choses…
Mais va-t-il
- Indemniser les derniers survivants de l'AF et leurs descendants des pertes financières considérables subies à cause des accords d'Evian, donc engagement d'état (il serait temps).
- Réhabiliter l'honneur des Harkis de façon officielle
- Reconnaître que la fusillade de la Grande Poste d'Alger le 26 mars 1962 était un acte pouvant être qualifié de crime contre l'humanité (imaginez aujourd'hui le gouvernement donnant l'ordre de tirer à la mitrailleuse sur les manifestants du mariage pour tous…)
- Reconnaître que l'ordre de ne pas intervenir à Oran le 5 juillet 62, pour protéger la population française (pied noir) qui s'est fait égorger sous les yeux de l'armée française, était une décision découlant de la politique d'état conséquence des dits accords (Rappelons en effet que le chef de l'armée était le président de Gaulle)
- Demander au président (ce que n'a pas fait de Gaulle) de terminer la « décolonisation » en donnant l'indépendance à la Martinique, Guadeloupe, Guyane, la Réunion, Nouvelle Calédonie (en cours), Mayotte, etc.

En effet en 2021 toutes ces « colonies », ne justifient plus leur rattachement à la France,
JESSY


Re: LE DEBAT ENTRE NOUS ZÔTRES [20596]

-Lamy-




Posté le : 17/09/2021 à 17:00 (Lu 887 fois)
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Je suis ravi que le dernier intervenant soit d'accord avec moi (Info, Lamy n'a pas à être mis entre guillemets, c est bien mon nom, pas un pseudo), mais au risque de faire dévier le débat, je ne peux m empêcher de relever son jugement sur De Gaulle :
"Je pense qu'il a agi en chef d'état, avec tous les moyens dont il disposait (article 16) en sacrifiant volontairement, de façon réfléchie et préméditée, une partie de ses compatriotes y compris les harkis
Nous étions au mauvais endroit, au mauvais moment.
Il ne s'agit pas d'une trahison mais d'un acte politiquement déterminé, destiné à protéger la France contre un risque majeur pour son avenir."

Si la raison d État peut justifier que l'on mente, trompe et sacrifie parfois des hommes et des femmes innocents, je doute qu'elle puisse justifier qu'on laisse égorger ces mêmes innocents sans lever le petit doigt alors que leur sauvetage n'aurait en rien contrarié le déroulement du programme décidé. Non, il y a dans la gestion de l'indépendance par De Gaulle, une indifférence, une froideur, une cruauté qui révèlent une personnalité tordue et méprisable. Quant à "protéger la France d'un risque majeur pour son avenir, (Je suppose que vous pensez à l'invasion de la métropole par des hordes d'Algériens promus soudain à la citoyenneté sans restrictions (( Colombey les deux mosquées)), ça me parait totalement raté. Ouvrez les yeux. S'il faut peut-être achever comme vous le souhaitez le processus de décolonisation en bazardant les confettis budgétivores, la décolonisation urgente et vitale qu'il faudrait entreprendre prioritairement c'est bien celle de la France elle-même, submergée par les nouveaux colons qui déferlent de l'Outre - méditerranée et qui vont, natalité aidant, transformer ce pays en Dar el Islam aux cent mille mosquées. Le Grand Charles ne l'avait pas vu venir sans doute, mais faisant subir aux derniers patriotes le sort qu'on connait, en en faisant des pestiférés, en faisant de leur amour du pays un objet de dérision ou d effroi, en les assimilant aux défenseurs du fascisme ou du nazisme, il a préparé le terrain aux salopards qui depuis des décennies organisent benoîtement la mort de notre pays. Non seulement il n'a rien vu venir, mais il a désarmé moralement le peuple français devant le péril le plus grave qui déjà se profilait.

Re: LE DEBAT ENTRE NOUS ZÔTRES [20616]

Invité(e)




Posté le : 04/10/2021 à 18:10 (Lu 774 fois)
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Bonjour JPS et les Z'ôtres,
Deux réponses à ce questionnement ? Mais d’excellente qualité ! Tout est dit par JPS, LAMY et JESSY. Comme quoi la rareté nous enseigne mieux que l’abondance. Je reprends brièvement :
2 - En 1962, nous leur avions remis les clés et la possibilité de les aider à ouvrir toutes les portes pour continuer à exploiter ce pays aux mille facettes. Mon père parlait d’un programme de transition qui avait été mis en place et le concept avait tenté bon nombre de nos compatriotes. Sans nul doute, nous aurions eu un rôle positif, si dans un espace «d’exister librement » avec le temps de leur transmettre notre infini amour de cette terre pour la hisser au premier rang de leurs voisins bordant la méditerranée. Mais le FLN au pouvoir, notamment formé dans les pays de l’Est, a vite mis fin à cette collaboration pour imposer son modèle de gouvernance. Dès lors, nos compatriotes sont rentrés, les uns après les autres, avec la quasi-certitude que la réponse à la deuxième question est non !
3 – Quand à penser que notre mode de vie aurait pu être un modèle ? Vraiment je ne me suis jamais posée la question, la réponse me semblant peut-être évidente ? Dans le respect de leurs traditions, la minorité qui en avait le désir a su s’adapter et pour le reste de la population, en 2021, je réponds non.
Pour finir, il faudra de la vigilance face à la traduction historique en préparation par le pouvoir politique et les historiens autoproclamés. Parler, dire, écrire que ce pays n’aurait jamais existé sans l’½uvre colossale de la France, et le bilan définitivement positif des 130 années de notre présence, c’est juste la vérité ! Nos enfants et petits-enfants devront être fiers de lire la belle aventure des générations qui les ont précédés. C'est un devoir pour moi car j'ai le regret de ne pas avoir assez écouter les miens Mais vous êtes là pour combler mes lacunes ! Alors grand merci pour ce forum ! bien amicalement à toutes et tous.
Annie L.

Re: LE DEBAT ENTRE NOUS ZÔTRES [20617]

jps

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Posté le : 05/10/2021 à 15:47 (Lu 745 fois)
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Mercie Annie de tes réponses bien explicitées.
Elles sont dans la ligne de celles que nous avons lues sur le forum. Je note qu'il y a eu plus de 450 lectures depuis le 6 septembre, mais à vrai dire les premières réponses ont dû faire l'unanimité de nos compatriotes attentifs et leur approbation silencieuse.
Les prochaines questions concerneront la façon dont nous avons mené notre combat politique et mémoriel, depuis notre retour, face à la discrimination que notre communauté a vécue pour "étouffer" nos vérités et nos revendications matérielles et historiques.
JPS

Re: LE DEBAT ENTRE NOUS ZÔTRES [20618]

jps

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Posté le : 05/10/2021 à 21:04 (Lu 736 fois)
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Comme évoqué dans mon message 20577 du 8 septembre, je réponds aux 3 premières questions avant de vous soumettre les prochaines.

Mes réponses et commentaires sont avant tout le fruit de mes observations et analyses régulières de la situation et de l'évolution de l'Algérie indépendante que j'ai pu effectuer dans ce pays et sur tout son territoire en 1970, dans le cadre d'une mission UNESCO de plusieurs mois, puis de nouveau à partir de juillet 1975 et jusqu'en octobre 1993 pour des missions professionnelles qui m'amenaient chaque mois dans ses diverses régions.
Je témoignerai donc pour vous de ce que j'ai constaté avec les yeux et la sensibilité d'un compatriote qui dans la ville de notre enfance, jusqu'à juin 1962, était engagé avec bien des amis pour défendre la présence française en Algérie, comme nous aurions pu tous l'espérer.

Ainsi donc, à la première question : aurions-nous pu rester dans le pays dans des conditions de coexistence spécifique, c.à.d. respectueuses de nos droits d'étrangers nés sur cette terre, de nos biens, sans discrimination religieuse, sociale, culturelle, etc., ma réponse est non.
En 1970, en charge de coordonner des coopérants/enseignants recrutés en France en 1969 par l'UNESCO, 1/3 d’entre eux n'étaient pas revenus pour la rentrée d'octobre ! Ils étaient complètement déçus, dégoûtés, révoltés même de ce qu'ils avaient vécu durant leur expérience de l'Algérie indépendante.
Ils avaient tous été "idéologiquement sélectionnés" et s'apparentaient à ceux qu'on a appelés les "pieds rouges", soutiens de l'indépendance et du FLN, pour la plupart installés dans des villes du littoral qui les avaient pourtant "enchantés de leur cadre", eux et leur famille, souvent bien logés dans des maisons, villas laissées par les pieds noirs.
Je me souviens de quelques lettres de démission, pathétiques, racontant la désespérance des ces matamores tiers-mondistes frappés par la réalité d'une population algérienne arrogante, hostile, qui les avait fait vivre en marge et contraints de se regrouper entre coopérants, dans quelques endroits où ils étaient tolérés.
Nous ne sommes qu'en 1970 et, une deuxième fois, je me rapatrie illico en France car ce que je constate moi aussi est tout autant traumatisant que notre départ de 1962.

Ma réponse à la 2ème question est elle aussi tirée de mes constatations entre 1975 et 1993, période où j'ai vu les derniers pieds noirs, souvent des personnes âgées, disparaître des endroits où ils avaient tenté de poursuivre leur existence collaborative (petits commerçants, artisans, retraités). Ceux que j'ai retrouvés m'ont expliqué que face aux harcèlements fiscaux (quitus fiscal), administratifs ou aux pressions et actions d'intimidation venant de particuliers convoitant leurs biens, ils ont plié boutique en bradant ce qu'ils possédaient pour rejoindre la métropole et retrouver une partie de leurs familles.
Tout a été fait par le gouvernement algérien durant des années pour dissuader les pieds noirs de rester en Algérie. C'était une des expressions de leur politique d'effacement de la présence française.

Répondre à la 3ème question résulte en fait de ce que nous avons tous constaté : la radicalisation religieuse qui frappe la population en Algérie comme celle qui s'est implantée en France, restant bien souvent, par la menace, soumise aux lois de la charia et au code de la famille imposés en Algérie par les islamistes.
On n'aurait donc absolument pas pu avoir d'influence sur le mode de vie et les lois discriminantes pour les femmes algériennes.

Il ne faut pas se nourrir de la nostalgie d'un pays qui n'existe plus tel que nous l'avons connu. Il est devenu invivable même pour les Algériens. Personnellement je n'ai plus aucun regret de l'avoir quitté même si je me souviens de notre départ dramatique et des conditions désastreuses, pitoyables, de notre accueil en France, plein d'hostilité, de mépris, sans aucune compassion pour "les riches colons" qui débarquaient avec leurs ballots à la Joliette.
Les premières années passées dans l'amère patrie ont été dures, surtout pour nos parents, mais nous avions déjà assez de tempérament pour construire nos vies.
Bien fraternellement,
JPS


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